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lettre d'information

Consommer autrement

Consommer autrement, un souci très partagé

LA CROIX - 1er décembre 2009

Avec le soutien de Rennes Métropole, plusieurs associations multiplient les initiatives pour que tous les Rennais, jeunes ou vieux, changent de comportements. «On a l'impression que les gens attendaient ça. » Qu'on leur facilite la vie pour se comporter autrement qu'en producteurs de déchets. Catherine Gabillard, chargée de mission au Centre d'information sur l'énergie et l'environnement (Ciele) accompagne les Transmusicales de Rennes dans leur mue écologique, pour éviter l'envers du décor, le champ de détritus après la fête.

Cet événement culturel majeur de la capitale bretonne avait instauré, l'an dernier, la distribution de gobelets consignés à 1 €. « Cela a très bien marché chez tout le monde, les jeunes comme les moins jeunes. » Chaque année le festival met en place de nouvelles pratiques : tri des déchets, fontaine à eau, alimentation bio à 80 %, récupération de moquettes en deuxième main, navettes de bus... Ce qui lui a valu l'an dernier le label Green'n Clean de l'association européenne des festivals Yourope.

La volonté du festival a pu prendre corps grâce au Ciele, cette association écologique née en 1986 dans la mouvance des Amis de la Terre et contre le « tout nucléaire ». C'est dans ses locaux qu'est souvent partie, à Rennes, l'étincelle du changement pour consommer et vivre autrement. Lorsqu'elle lance, il y a six ans, un appel à volontaires pour mener une opération de réduction des déchets dans une cinquantaine de foyers témoins, Francis Colin répond à l'appel. Il se définit lui-même comme le prototype de l'urbain qui « ouvre son vide-ordures sans se demander ce que deviennent ses déchets». http://www.la-croix.com/img/la-croix/commun/pix_trans.gif

Dix familles qui compostent leurs déchets de cuisine détournent 1 tonne de déchets

À l'époque donc, ce ne sont pas des militants écolos de la première heure, mais des Francis Colin qui participent à l'opération « puzzle des déchets », des personnes qui s'interrogent. L'opération fut un succès. « En optant pour les bons gestes, les déchets ont été réduits de 80 à 130 kg par foyer », explique Thierry Mounier, directeur du Ciele.

Pour Francis Colin, l'expérience fut un déclic. Il adhère au Ciele, se passionne et se spécialise dans les déchets, avec une prédilection pour le compostage, au point de troquer sa veste de formateur en informatique pour celle de formateur en environnement et déchets. L'an dernier, il crée son entreprise, Eisenia, du nom du petit ver rougeâtre qui vit dans la matière organique en décomposition. C'est grâce à lui, et avec le soutien actif de Rennes Métropole, que des composteurs ont commencé à fleurir dans la ville.

Dans ses bureaux de la pépinière d'entreprises du Haut-Blosne, Francis Colin pique méthodiquement une épingle dans la carte de l'agglomération pour chaque nouveau composteur installé en habitat collectif : 139 à ce jour. « Dès qu'un habitant est volontaire, je lui demande d'abord de trouver trois ou quatre autres familles prêtes à trier leurs épluchures pour les composter », explique-t-il. C'est alors qu'il intervient, organise une réunion d'information sur les bienfaits et l'art du compostage pour l'ensemble des copropriétaires.

L'enjeu n'est pas mince : dix familles qui compostent leurs déchets de cuisine détournent une tonne de déchets de la poubelle chaque année. « Expliquer, c'est le plus facile, chacun a envie de savoir ; il y a toujours du monde, toutes les générations sont présentes, à l'exception notable des adolescents », reconnaît Francis Colin.

Avec 139 composteurs installés, Francis Colin, bientôt 50 ans, est désormais rodé. Il connaît les obstacles à franchir - faire adhérer le syndic au projet, convaincre l'entreprise de jardinage de coopérer - et sait qu'au bout du compte « 25 % des habitants joueront le jeu » et qu'il revient, de fait, aux cinquantenaires, qui n'ont plus d'enfants en bas âge à charge, d'assurer le suivi du dispositif.http://www.la-croix.com/img/la-croix/commun/pix_trans.gif

La MCE lance sa « carte ouverte », inspirée de la « green map » de New York

Les plus motivés suivent la journée technique compostage au Ciele. Thierry Mounier en maîtrise tous les secrets, le bon taux d'humidité, l'équilibre à respecter entre les apports azotés (épluchures) et carbonés (déchets verts)... «Se mélangent des jardiniers traditionnels et le nouveau public des jeunes actifs qui veulent s'initier et cherchent à savoir comment bien faire », précise Thierry Mounier. Ce sont ceux-là qui se ruent dans l'une des 100 jardineries d'Ille-et-Vilaine signataires de la charte « Jardiner au naturel, ça coule de source », élaborée par la maison de la consommation et de l'environnement (MCE), une structure qui réunit 18 associations, dont le Ciele et

Eaux et rivières de Bretagne qui milite contre les pesticides. « Ces jardineries se sont engagées à proposer des alternatives aux produits chimiques », explique Gwénaelle Lanez, de la MCE. Sur les linéaires, des étiquettes rouges - « les pesticides, c'est pas systématique », « les désherbants polluent l'eau » -, dissuadent d'acheter ces produits, tandis que des étiquettes vertes - « les abris à auxiliaires », « les plantes couvre-sols », « les paillis », etc. -, invitent à faire les bons choix.

« En milieu rural, les comportements évoluent un peu plus difficilement. En revanche, il y a une vraie demande pour jardiner au naturel en ville, surtout chez les jeunes adultes, poursuit Gwénaelle Lanez. Les retraités qui ont l'habitude d'acheter leurs pesticides sont, eux, plus réticents à l'idée de changer leurs habitudes. Cela étant, il y a aussi, parmi eux, ceux qui pratiquent de longue date le jardinage au naturel, mais on ne les voit pas dans les jardineries ! »

Ces différences entre générations, la MCE les constate aussi lors d'opérations « chariot malin » dans les supermarchés. « Les jeunes, les couples avec enfants sont les plus sensibles aux arguments pour consommer mieux et moins produire de déchets », confirme Francis Colin. Inlassablement, les associations poursuivent ce travail pour inciter à changer les comportements.

Le mois prochain, la MCE lancera officiellement sa « carte ouverte » sur Internet, une base de donnée participative inspirée de la « green map » de New York, qui recense les lieux permettant de consommer intelligemment. Une nouvelle initiative pour que tous les Rennais, les plus jeunes comme les plus âgés, diminuent leur empreinte écologique.

Marie VERDIER, à Rennes

 

http://www.la-croix.com/Consommer-autrement-un-souci-tres-partage/article/2404056/55952

 

 

 

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